samedi 18 janvier 2025

Avec les fées (Sylvain Tesson )



Tesson cite Wordsworth, selon qui le voyageur n’est jamais comblé. Il est plus souvent dans une logique de fuite de ce qu’il craint que dans la réponse à un appel. La formule est intéressante. Il n’est pas sûr que Sylvain Tesson l’ait faite sienne. Son mode opératoire est peut-être un peu moins évident que cela. Il rêve sur les cartes, échafaude des périples qui n’ont rien d’ordinaire et il se met en route. À pied sur les chemins noirs, à vélo, à moto, à cheval, à ski sur les chemins blancs, en bateau sur les traces d’Ulysse… Ou bien celle des fées. Ces fées, dont il est question dans son nouveau récit de voyage, il persiste à les chercher, avec jubilation et une certaine grandiloquence – mais non dénuée de cynisme et d’humour –, tandis qu’il avoue savoir qu’elles n’existent pas. Mais est-ce bien important ? Elles se tiennent forcément quelque part, dans les paysages, les pierres ; on sent leur souffle en parcourant les mers et les rivages, en s’égarant à l’intérieur des terres au gré des escales. Des Asturies à l’Écosse en passant par l’Irlande, Tesson creuse la distance avec les médiocres, les laissant ruminer au port ; il reste fidèle à lui-même dans l’amour de la géographie, du territoire, de la contrée. Il va à la rencontre de la beauté, la transcende, la restitue avec talent ; elle se déploie dans les dimensions du monde, qu’elle soit authentique ou rêvée.

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