samedi 8 juin 2024

La Mage du Kremlin (Giulano da Empoli)

 

On ne peut pas dire que ce roman, tel que qualifié par l’éditeur, en soit tout à fait un. L'auteur n'ayant produit jusqu'ici que des essais, il s'est servi de la réalité pour rédiger son récit. Il n'y a dans ce livre quasiment aucun effort d'imagination. Le regard du Mage, en éminence grise, est prétexte à narrer la montée vers le pouvoir de Vladimir Poutine. Alors que l'Occident pensait désormais assister à « la fin de l'histoire » et que la Russie s’enlisait, après les règnes de Gorbatchev et d'Eltsine, offrant le désolant spectacle des territoires largués, de l’éclosion des mafias, et des trompeuses promesses de l’économie de marché, l’ancien empire assiste à l'émergence d’un chef providentiel.

L’intérêt de ce livre est de remettre en mémoire et en perspective la détermination et l’habileté du nouveau Tsar, mais aussi d’exposer ce qui différencie la Russie de l'Occident (avec, en filigrane, un regard sur une Ukraine qui tente de s'occidentaliser et donc de se laisser glisser dans la chute d’un Occident décadent, ventre mou devenu laquais de l’Amérique). Deux visions du monde opposées dont Vladimir Poutine est formidablement conscient. Bien entendu, le « Tsar » n'est pas vu comme un gentil, d’autant plus que ce n'est pas l'objectif qu'il s'est fixé. Se faire craindre lui importe plus que de se faire aimer.

On pourrait reprocher à Giuliano da Empoli non pas d’avoir adopté une attitude politiquement convenable (il ne s’agit que du récit issu d’un collaborateur de Poutine, donc plutôt honnête dans sa conception et bien rendue) mais de n’avoir pas assez exploité son sujet autour de la figure du président de la Fédération, notamment dans ses rapports avec une partie de l’Europe, la nôtre, liée à une Amérique qui voudrait l’empêcher d’étendre son aire civilisationnelle de l’Atlantique à l’Oural.

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