dimanche 5 octobre 2014

La chute de Berlin (Antony Beevor)


Après Stalingrad, l'historien britannique Antony Beevor procède à la restitution de la chute de la capitale du Reich. Plus qu'un livre d'histoire, c'est aussi une étude sur la nature humaine, ses caractères, ses forces et ses faiblesses. Y sont aussi pointées les lourdeurs de la bureaucratie nazie, les désillusions de ses généraux (Paulus) et le jusqu'au boutisme (le suicide programmé des six enfants de Goebbels). Mais ce qui frappe plus encore dans ce livre c'est l'évocation des souffrances et des sacrifices du peuple allemand, un peuple, propagande aidant, qui n'était pas préparé à la défaite. Au plus fort de la débâcle, le général Strecker ne pourra s'empêcher de formuler : « Qu'a donc fait l'Allemagne à Dieu pour qu'il nous ait envoyé Hitler ? » Rien ne va plus et notamment avec l'arrivée du rouleau compresseur bolchévique qui, pour entrer dans Berlin avant les Alliés, se montre prêt à envisager les pertes humaines les plus lourdes dans ses rangs mêmes. Sur l'avancée soviétique, Breevor fait remarquer qu'elle aurait été grandement retardée sans le concours des nombreux camions prêtés par les Etats-Unis. Cette marche contre le fascisme provoquera des dégâts considérables : en sus des morts, deux millions de femmes violées. Le torpillage par les Russes du navire-hôpital Goya témoigne entre autres de leur farouche volonté de destruction. Il est étonnant de voie ensuite la connivence s'installer entre Berlinois et occupants soviétiques. Etonnant également de voir de quelle manière seront traités les communistes allemands par leurs supposés libérateurs : ceux-ci ne pouvant admettre en effet que les ouvriers n'aient montré aucune opposition à l'invasion de l'URSS et que les seules tentatives d'éliminer Hitler furent issues des milieux « réactionnaires ». Mais il y a bien plus dans ces six cents pages d'Histoire qui se lisent comme un roman.


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