Après
Stalingrad, l'historien britannique Antony Beevor procède à la
restitution de la chute de la capitale du Reich. Plus qu'un livre
d'histoire, c'est aussi une étude sur la nature humaine, ses
caractères, ses forces et ses faiblesses. Y sont aussi pointées les
lourdeurs de la bureaucratie nazie, les désillusions de ses généraux
(Paulus) et le jusqu'au boutisme (le suicide programmé des six
enfants de Goebbels). Mais ce qui frappe plus encore dans ce livre
c'est l'évocation des souffrances et des sacrifices du peuple
allemand, un peuple, propagande aidant, qui n'était pas préparé à
la défaite. Au plus fort de la débâcle, le général Strecker ne
pourra s'empêcher de formuler : « Qu'a donc fait
l'Allemagne à Dieu pour qu'il nous ait envoyé Hitler ? »
Rien ne va plus et notamment avec l'arrivée du rouleau compresseur
bolchévique qui, pour entrer dans Berlin avant les Alliés, se
montre prêt à envisager les pertes humaines les plus lourdes dans
ses rangs mêmes. Sur l'avancée soviétique, Breevor fait remarquer
qu'elle aurait été grandement retardée sans le concours des
nombreux camions prêtés par les Etats-Unis. Cette marche contre le
fascisme provoquera des dégâts considérables : en sus des
morts, deux millions de femmes violées. Le torpillage par les Russes
du navire-hôpital Goya témoigne entre autres de leur farouche
volonté de destruction. Il est étonnant de voie ensuite la
connivence s'installer entre Berlinois et occupants soviétiques.
Etonnant également de voir de quelle manière seront traités les
communistes allemands par leurs supposés libérateurs : ceux-ci
ne pouvant admettre en effet que les ouvriers n'aient montré aucune
opposition à l'invasion de l'URSS et que les seules tentatives
d'éliminer Hitler furent issues des milieux « réactionnaires ».
Mais il y a bien plus dans ces six cents pages d'Histoire qui se
lisent comme un roman.
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