dimanche 5 octobre 2014

Les larmes d'Eros (Georges Bataille)


Bataille, après en être passé par là, a pourfendu la bigoterie. Il a mis en scène la dépravation, les capacités de l'être humain à déchoir. Mais il a montré par la même occasion que celui-ci pouvait s'émanciper d'une morale réductrice lui interdisant d'entrevoir ses limites. Dressé contre les dogmes judéochrétiens, Bataille débusque une activité sexuelle non utilitaire et dont l'égoïsme serait le principal moteur. Face à la mort se dresse Eros, porteur de forces vives. Mais la volupté ne donne rien, ni acquisition ni accroissement de quoi que ce soit ; elle annonce une perte – qui va exactement à l'opposé de la valeur travail. Elle est activité désordonnée qui conduit censément à la transgression de l'interdit sous le patronage de Dionysos. C'est pourquoi les « bonnes consciences » ont voulu priver l'érotisme de son caractère sacré pour lui prêter les plus mauvais desseins. Ce que Bataille déplore évidemment. Ce petit essai peut, certes, déranger. Mais il change de l'insipide soupe idéologique servie par les prêcheurs d'un siècle qui, à peine commencé, donne déjà des signes d'anémie.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire