lundi 18 janvier 2016

Jean Giono pour une révolution à hauteur d'hommes (Édouard Schaelchli)


En 1935, Giono note dans son journal qu'il se sait « seul sans doute et sans doute suspect ». C'est l'époque du Contadour. Un an après, il publie Les Vraies Richesses. Ce livre, qui va bien au-delà du pacifisme, rencontrera un vif succès, en particulier chez les jeunes. Il marque le point de départ d'une série d'écrits dont Édouard Schaelchli propose un choix d'extraits commentés : Triomphe de la vie, Le Poids du ciel, Lettre aux paysans sur la pauvreté et la paix. Giono y fait figure de prophète, mais aussi de contempteur de la croissance et de la logique faustienne. Chantre de la terre et de la paysannerie, il fut, confie Schaelchli « littéralement obsédé par la possibilité d'un soulèvement paysan, d'une jacquerie généralisée à laquelle rien ne pourrait résister. » Après 1942, Giono ne publiera plus d'essai idéologique, se résoudra à raconter des histoires, peut-être habité par une profonde déception, déçu que cette révolte paysanne ne soit pas advenue. Il faut être reconnaissant à l'auteur de ce petit éloge d'avoir su remettre quelques pendules à l'heure, en particulier sur la légende d'un Giono collaborateur ou partisan d'une révolution nationale. La contestation de l'auteur de Regain s'est située essentiellement par rapport à l'« exploitation de l'homme et de la nature ». Tout simplement. Mais c'est déjà beaucoup. D'autant que son combat redevient d'actualité.

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