En
1935, Giono note dans son journal qu'il se sait « seul sans
doute et sans doute suspect ». C'est l'époque du Contadour. Un
an après, il publie Les Vraies Richesses.
Ce livre, qui va bien au-delà du pacifisme, rencontrera un vif
succès, en particulier chez les jeunes. Il marque le point de départ
d'une série d'écrits dont Édouard
Schaelchli propose un choix d'extraits commentés : Triomphe
de la vie, Le Poids du
ciel, Lettre aux
paysans sur la pauvreté et la paix.
Giono y fait figure de prophète, mais aussi de contempteur de la
croissance et de la logique faustienne. Chantre de la terre et de la
paysannerie, il fut, confie Schaelchli « littéralement obsédé
par la possibilité d'un soulèvement paysan, d'une jacquerie
généralisée à laquelle rien ne pourrait résister. » Après
1942, Giono ne
publiera plus d'essai idéologique, se résoudra à raconter des
histoires, peut-être habité par une profonde déception, déçu que
cette révolte paysanne ne soit pas advenue. Il faut être
reconnaissant à l'auteur de ce petit éloge d'avoir su remettre
quelques pendules à l'heure, en particulier sur la légende d'un
Giono collaborateur ou partisan d'une révolution nationale. La
contestation de l'auteur de Regain
s'est située essentiellement par rapport à l'« exploitation
de l'homme et de la nature ». Tout simplement. Mais c'est déjà
beaucoup. D'autant que son combat redevient
d'actualité.
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