dimanche 31 janvier 2021

Les avalanches de Sils-Maria (Michel Onfray)

 

Michel Onfray publie beaucoup. On pourrait l'imaginer le cul vissé à la chaise de bureau. Il lui arrive pourtant de voyager. Grand Nord, Inde, Guyane, Polynésie... Dernièrement, il s'est transporté à Sils-Maria, lieu mythique ou Nietzsche séjourna quasiment chaque été, entre 1881 et 1888, au cœur de l'Alpe et des lacs d'altitude. Car Onfray déplore que tant de ses semblables (Foucault, Deleuze, Derrida, Bataille) aient travaillé sur la pensée de Nietzsche en dissociant celle-ci de sa vie. Sils-Maria a été le principal laboratoire de l'écriture d'Ainsi parlait Zarathoustra, ce cinquième évangile s'adressant aux Hyperboréens, dans lequel le surhomme s'inscrit plus qu'en filigrane, tournant délibérément le dos au virus judéo-chrétien. C'est aussi dans cette Engadine dotée d'un air si pur que Nietzsche fut frappée par la vision de l'éternel retour. Après avoir planté le décor et ce qu'il aura inspiré à Nietzsche, Onfray dévie ensuite sur l’œuvre en général, sur la morale nietzschéenne, comme invite à « parvenir à la joie païenne d'être au monde ». Il remet quelques pendules à l'heure à propos des écrits posthumes trafiqués par sa sœur (qui tourne un peu à l'obsession), et sur les fausses mais tenaces rumeurs habituelles (les soldats allemands munis d'Ainsi parlait Zarathoustra dans leur besace, et Hitler grand lecteur de Nietzsche – il lui préférait Schopenhauer).
Depuis quelques années, il semble que Michel Onfray soit passé d'athée à panthéiste. Mais il continue à ne pas aimer les religions du Livre. Et, sur ce point, à qui d'autre qu'à l'ermite de Sils-Maria pouvait-il mieux rendre hommage ?


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