Michel Onfray publie beaucoup. On pourrait l'imaginer le cul vissé à
la chaise de bureau. Il lui arrive pourtant de voyager. Grand Nord,
Inde, Guyane, Polynésie... Dernièrement, il s'est transporté à
Sils-Maria, lieu mythique ou Nietzsche séjourna quasiment chaque
été, entre 1881 et 1888, au cœur de l'Alpe et des lacs d'altitude.
Car Onfray déplore que tant de ses semblables (Foucault, Deleuze,
Derrida, Bataille) aient travaillé sur la pensée de Nietzsche en
dissociant celle-ci de sa vie. Sils-Maria a été le principal
laboratoire de l'écriture d'Ainsi parlait Zarathoustra, ce
cinquième évangile s'adressant aux Hyperboréens, dans lequel le
surhomme s'inscrit plus qu'en filigrane, tournant délibérément le
dos au virus judéo-chrétien. C'est aussi dans cette Engadine dotée
d'un air si pur que Nietzsche fut frappée par la vision de l'éternel
retour. Après avoir planté le décor et ce qu'il aura inspiré à
Nietzsche, Onfray dévie ensuite sur l’œuvre en général, sur la
morale nietzschéenne, comme invite à « parvenir à la joie
païenne d'être au monde ». Il remet quelques pendules à
l'heure à propos des écrits posthumes trafiqués par sa sœur (qui
tourne un peu à l'obsession), et sur les fausses mais tenaces
rumeurs habituelles (les soldats allemands munis d'Ainsi parlait
Zarathoustra dans leur besace, et Hitler grand lecteur de
Nietzsche – il lui préférait Schopenhauer).
Depuis quelques années, il semble que
Michel Onfray soit passé d'athée à panthéiste. Mais il continue à ne pas aimer les
religions du Livre. Et, sur ce point, à qui d'autre qu'à l'ermite
de Sils-Maria pouvait-il mieux rendre hommage ?
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