Il se dit que Pierre Lamalattie aurait
inspiré Jed Martin, personnage central du roman de Houellebecq La
carte et le territoire (prix Goncourt 2010). Mais dans ses
livres, Lamalattie se met lui-même en scène et c'est ainsi que son
œuvre se construit. Quelle idée a eu l'éditeur de sous-titrer ce
volume « roman » alors que nous voyons bien qu'il n'en
est rien. Ces 121 CV constituent une fine et caustique analyse de la
société contemporaine où l'on sent poindre nettement le récit
autobiographique. L'auteur y relate son expérience de haut
fonctionnaire et c'est plutôt jouissif, car il y a vraiment matière
à ironiser. Ce qui le conduira vers la sortie, l'autorisera à
échapper au milieu sclérosé de l'administration, c'est la
peinture ! En l'occurrence une série de
tableaux figuratifs, portraits d'acteurs de la vie quotidienne pris
sur le vif, auxquels l'artiste adjoint des commentaires d'une lucide
alacrité. Ils se succèdent tout au long du livre. L'apothéose de
tout ça étant une exposition à Brive-la-Gaillarde, donc bien loin
du climat parisien avec lequel notre héros a creusé la distance.
Il
est vrai que l'on a quelquefois l'impression de lire du Houellebecq.
Même désenchantement, même cynisme. Mais Lamalattie a du talent,
aussi bien quand il prend le pinceau que la plume. On peut le suivre
sans risquer la contamination.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire