Qui
s'intéresse à la mythologie n'apprendra rien d'essentiel à la
lecture de ce choix de textes issus de trois ouvrage de F. G. Jünger
(le frère de Ernst). Ce livre a cependant deux mérites :
remettre en mémoire les principaux épisodes et traits relatifs au
Mythe, et faire connaître un auteur assez peu traduit en français.
L'ouvrage aurait pu s'appeler ''Les Titans et les Géants contre les
dieux'', car c'est en gros le thème de cette compilation. Il y est
aussi question de la place de l'homme, technicien qui « s'est
donné pour but de dompter subjuguer par la violence la nature
élémentaire », dixit Jünger. Du côté des Titans, il y a
Prométhée, l'ami de l'homme, animé d'une réelle volonté propre.
Un chapitre de l'ouvrage est titré « L'homme titanesque » ;
l'homme y est vu comme plaçant « une confiance sans borne dans
ses propres forces (…) à la manière de Prométhée ». C'est
une des parties la plus intéressante de ces pages avec les deux
longues évocations de Pan et de Dionysos, peut-être les figures les
plus proches de l'homme avec Prométhée, du moins les plus impliqués
dans la vie de celui-ci. Ici, Jünger prend le temps de développer
son sujet. Pan, mi-homme, mi-dieu dans l'apparence qu'il se donne,
s'endort quand le soleil est au zénith et brûlant, à midi.
« Il est nu, il se couche à la belle étoile, mariage et
propriété ne sont pas son affaire. » Il est rétif à la
ville, contrairement à Dionysos aux multiples
figures, tantôt éphèbe, tantôt vieux, chauve et
barbu,« dieu à transformations et qui transforme les
humains ». Si le dieu au thyrse commerce lui aussi avec les
nymphes, il est très entouré – ménades, félins, taureaux,
serpents –, et les cortèges ainsi formés autour de lui viennent à
la ville pour célébrer des fêtes où, bien sûr, le vin n'est pas
absent. Dionysos aime la foule en fête, il est « éveilleur de
tout plaisir profond, explorateur des cimes et des abîmes de la
vie ». Jünger déplore, à juste titre, d'avoir tourné le dos
à cette « festivité de la vie », telles les Grandes
Dionysies de mars à Athènes ou la Fête des fous de Noël au Moyen
Âge. Et il demande : « qu'avons-nous que l'on puisse
mettre à la place ? » (On n'a toujours pas la réponse.)
On
trouve également une place pour Zeus, Apollon, les héros Héraclès
et Achille, ainsi que des propos sur le mythe et la tragédie d'un
réel intérêt. Si Dionysos est à « l'origine de toute
représentation du mythe sur la scène tragique », le mythe,
quant à lui, « n'entre pas dans les spéculations sur
l'éternel et l'infini. Pour lui, les dieux sont là dans leur
présence impérissable ». C'est ce qui fait toute la
différence avec une religion historique qui opère un clivage entre
temporel et spirituel et ne se risque pas aux représentations.
À
noter, en fin de volume, une intéressante biographie rédigée par
Alain de Benoist.
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