samedi 25 juillet 2015

Les Titans et les dieux (Friedrich Georg Jünger)

Qui s'intéresse à la mythologie n'apprendra rien d'essentiel à la lecture de ce choix de textes issus de trois ouvrage de F. G. Jünger (le frère de Ernst). Ce livre a cependant deux mérites : remettre en mémoire les principaux épisodes et traits relatifs au Mythe, et faire connaître un auteur assez peu traduit en français. L'ouvrage aurait pu s'appeler ''Les Titans et les Géants contre les dieux'', car c'est en gros le thème de cette compilation. Il y est aussi question de la place de l'homme, technicien qui « s'est donné pour but de dompter subjuguer par la violence la nature élémentaire », dixit Jünger. Du côté des Titans, il y a Prométhée, l'ami de l'homme, animé d'une réelle volonté propre. Un chapitre de l'ouvrage est titré « L'homme titanesque » ; l'homme y est vu comme plaçant « une confiance sans borne dans ses propres forces (…) à la manière de Prométhée ». C'est une des parties la plus intéressante de ces pages avec les deux longues évocations de Pan et de Dionysos, peut-être les figures les plus proches de l'homme avec Prométhée, du moins les plus impliqués dans la vie de celui-ci. Ici, Jünger prend le temps de développer son sujet. Pan, mi-homme, mi-dieu dans l'apparence qu'il se donne, s'endort quand le soleil est au zénith et brûlant, à midi. « Il est nu, il se couche à la belle étoile, mariage et propriété ne sont pas son affaire. » Il est rétif à la ville, contrairement à Dionysos aux multiples figures, tantôt éphèbe, tantôt vieux, chauve et barbu,« dieu à transformations et qui transforme les humains ». Si le dieu au thyrse commerce lui aussi avec les nymphes, il est très entouré – ménades, félins, taureaux, serpents –, et les cortèges ainsi formés autour de lui viennent à la ville pour célébrer des fêtes où, bien sûr, le vin n'est pas absent. Dionysos aime la foule en fête, il est « éveilleur de tout plaisir profond, explorateur des cimes et des abîmes de la vie ». Jünger déplore, à juste titre, d'avoir tourné le dos à cette « festivité de la vie », telles les Grandes Dionysies de mars à Athènes ou la Fête des fous de Noël au Moyen Âge. Et il demande : « qu'avons-nous que l'on puisse mettre à la place ? » (On n'a toujours pas la réponse.)
On trouve également une place pour Zeus, Apollon, les héros Héraclès et Achille, ainsi que des propos sur le mythe et la tragédie d'un réel intérêt. Si Dionysos est à « l'origine de toute représentation du mythe sur la scène tragique », le mythe, quant à lui, « n'entre pas dans les spéculations sur l'éternel et l'infini. Pour lui, les dieux sont là dans leur présence impérissable ». C'est ce qui fait toute la différence avec une religion historique qui opère un clivage entre temporel et spirituel et ne se risque pas aux représentations.

À noter, en fin de volume, une intéressante biographie rédigée par Alain de Benoist.

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