mardi 19 juillet 2022

La vacance (Raymond Espinose)

 


Serge Fourastié est un personnage récurrent dans les romans d'Espinose. On le retrouve ici plongé au cœur des années 70, époque que ceux qui ne l'ont pas connue ne peuvent appréhender dans toute sa dimension. Elle laissait envisager un avenir radieux, où la liberté prendrait enfin une place déterminante et s'inscrirait dans la durée. « Peut-on s'accomplir en dehors de la liberté ? », se demande à cet égard le jeune Fourastié. Il rêve d'une morale qui entrerait en agonie. Dans le même temps, il proclame : « Réinventons au lieu de perpétuer le cycle de nos échecs et de nos défaites... » Justement, dans La vacance, Fourastié se bat contre les échecs, mais aussi contre les tristes sires et les cagots toujours avides de rigidités et adeptes forcenés d'un monde où la sclérose le dispute à la morosité. Après s'être laissé entraîner dans quelques désastreuses séances de beuveries, il est affecté dans le nord où il cède aux charmes d'une de ses jeunes élèves. « Je suis un homme d'euphories et de coups de foudre », avoue-t-il encore avec la ferme volonté de ne pas capituler. C'est ça qu'on aime, chez Espinose : il nous confirme que la vie serait une erreur sans la littérature. Mais la réciproque est encore plus vraie !

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