Mais, sous bien d'autres horizons, il
trouve matière à exprimer
sa différence, et l'abîme qui le sépare parfois de la condition de
ses semblables (même s'il lui faut parfois savoir sacrifier aux
obligations et impératifs germanopratins). Et quand il manifeste sa
réprobation, il ne va pas toujours dans le sens du politiquement
correct. Nous n'en sommes pas dupes, le statut d'écrivain-voyageur
implique le plus souvent un attachement modéré à un système qui
déploie essentiellement ses tentacules au sein des métropoles et
que sous-tend un relativisme utopique, relativisme en fait tout
« relatif » propre aux sociétés occidentales. Par
exemple, dans le Paris socialiste, on ne fête pas le carnaval ou la
fin du carême mais le nouvel an chinois ou la fin du ramadan.
Comment aimer le Paris socialiste, et le Paris tout court, cette
figure moderne de l'Urbs ? Là est toute la question quand les
vastitudes vous appellent...
Quant aux livres qui l'ont accompagnés,
peut-on dire qu'ils ont contribué à faire de Tesson un homme
complet, homme d'action autant que de pensée ? Sans doute du
fait que ses lectures ne sont pas anodines. Qu'on en juge :
Hamsun, Matzneff, Cioran, Nietzsche, Schopenhauer, Jünger, Mishima,
Morand ou Keyserling. Nous
avions eu un aperçu de ces viatiques lors de la lecture de Dans
les forêts de Sibérie,
déjà chroniquée dans ce blogue. Du reste, cette Géographie
se termine sur un magistral éloge de la lecture. (« Le livre
sacre le lieu où il est lu. ») Et la boucle est bouclée.
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