samedi 8 juin 2024

Jungborn (Eugen Guido Lammer)

 


Le premier volume de Jungborn est paru en 1931 sous le titre « Fontaine de jouvence ». Lammer y décrit ses ascensions dans les Alpes dont beaucoup de sommets sont encore inviolés. Il n’existe guère alors de topo descriptif des itinéraires. Le matériel est celui de la fin du XIXe siècle. Pas de radio, pas d’hélico en cas de pépin, et pas de refuges aménagés ou disposés près des sommets. Sans compter des prévisions météo nettement moins fiables qu’aujourd’hui... Il est agréable de suivre Lammer, docteur en philosophie et alpiniste extraordinairement déterminé à réaliser ses courses, parfois seul, parfois accompagné par le compère Lorria ou sa jeune épouse (mais mettant un point d’honneur à ne jamais solliciter les services d’un guide). Lammer est un pionnier qui aura influencé des armées de grimpeurs. Il monte vite et bien. La fréquentation du danger lui est nécessaire. La conquête d’un sommet est pour lui comparable à une bonne dose de morphine. « Nous voulons imprégner tout notre être de la sereine beauté de nos montagnes et de l’esprit d’abnégation et d’héroïsme », écrit-il. Ainsi l’alpiniste associe-t-il la montagne à une sorte de spiritualité, de transcendance, bien entendu verticale. (Saint-Loup s’inspirera de Lammer pour composer le héros de son grandiose roman Face Nord.)

Même si ces récits peuvent sembler un peu répétitifs, l’auteur a un style agréable et fluide, à rapprocher de celui des poètes romantiques qu’il lisait d’ailleurs assidûment. Des accents et des élans qui manquent à la littérature de montagne contemporaine au style terne, car essentiellement journalistique.

Dans le second volume de Jungborn (inédit jusqu'ici en France) : on lira de nouveaux récits de courses ainsi que des considérations sur la montagne comme éthique de vie. Avec, toujours en toile de fond, cette sentence : « C’est pour vous découvrir vous-même que vous montez sur les cimes. »

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