jeudi 3 octobre 2019

121 curriculum vitae pour un tombeau (Pierre Lamalattie)


Il se dit que Pierre Lamalattie aurait inspiré Jed Martin, personnage central du roman de Houellebecq La carte et le territoire (prix Goncourt 2010). Mais dans ses livres, Lamalattie se met lui-même en scène et c'est ainsi que son œuvre se construit. Quelle idée a eu l'éditeur de sous-titrer ce volume « roman » alors que nous voyons bien qu'il n'en est rien. Ces 121 CV constituent une fine et caustique analyse de la société contemporaine où l'on sent poindre nettement le récit autobiographique. L'auteur y relate son expérience de haut fonctionnaire et c'est plutôt jouissif, car il y a vraiment matière à ironiser. Ce qui le conduira vers la sortie, l'autorisera à échapper au milieu sclérosé de l'administration, c'est la peinture ! En l'occurrence une série de tableaux figuratifs, portraits d'acteurs de la vie quotidienne pris sur le vif, auxquels l'artiste adjoint des commentaires d'une lucide alacrité. Ils se succèdent tout au long du livre. L'apothéose de tout ça étant une exposition à Brive-la-Gaillarde, donc bien loin du climat parisien avec lequel notre héros a creusé la distance.
Il est vrai que l'on a quelquefois l'impression de lire du Houellebecq. Même désenchantement, même cynisme. Mais Lamalattie a du talent, aussi bien quand il prend le pinceau que la plume. On peut le suivre sans risquer la contamination.


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