jeudi 3 octobre 2019

Plus jamais nulle part (Raymond Espinose)


Les livres d'Espinose ont la particularité de s'articuler autour de thèmes qui lui sont chers, parmi lesquels la littérature et les jeunes filles. Plus généralement, nous dirons : méditations, esthétique et sentiments. Que ce soit dans ses nouvelles, dans son précédent roman Villa Dampierre – une réelle réussite –, comme dans ses écrits intimes. Quand on a lu Distances, le deuxième volume de ses carnets paru chez Orizons, comment ne pas être tenté d'identifier Espinose à Serge Fourastié, personnage central de Plus jamais nulle part ? Un homme mûr, soucieux de son physique, qui court trois fois par semaine, un homme féru de bonnes lectures (Jünger, Stirner...) qui écume les bars de Pau pour boire de la Vittel, en provocateur, ne peut être issu de l'imagination de l'auteur. Quant aux jeunes filles, elles se bousculent dans ce roman où Fourastié, en homme marié, tente de ménager la chèvre et le chou. Dans cette histoire, les amours sont tragiques, les souvenirs régulièrement convoqués, les sentiments, la vieillesse et la mort abordés sans détours. Espinose est un auteur exigeant qui ne botte pas en touche, toujours occupé à faire le tour de la question mais sans jamais lasser. Le lecteur devient complice des dérives d'un personnage peu ordinaire (Espinose ou Fourastié ?...), de ses doutes, de ses illuminations, aussi bien que de ses choix de vie auxquels il n'est pas dérogé. Et il découvre page après page qu'il a entre les mains un livre qui ne mène aucunement nulle part.

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