Ce n'est pas le meilleur Tesson. Et contrairement à ce qui est indiqué sur la couverture ce n'est pas un journal. Plutôt un recueil de textes déjà parus dans diverses revues, rassemblés et agencés pour la circonstance. Géographie de l'instant, ouvrage constitué sur le même principe est, selon nous, plus essentiel. Seulement, Tesson est un garçon dont on ne doit bouder aucun des livres. Car il vit et plane très au-dessus de la production littéraire du moment. Il parcourt la planète, s'en va méditer dans une cabane au bout du monde, entretient le goût du risque et des excès, boit trop, manque finir ses jours en bas d'un chalet qu'il a tenté d'escalader, sort du coma, se réadapte en traversant la France à pied (thème des Chemins noirs), réalise qu'il avait aussi des trésors à portée de main, puis le prurit du voyage lointain le reprend. Au fond, il demeure fidèle à lui-même. Son style continue de baigner dans la passion déraisonnable, le désenchantement, l'humour, le cynisme. Il est jalonné d'aphorismes, de coups de cœur, de coups de gueule (contre Daech et les monothéismes abrutissants, liste non exhaustive). Ce qui fait aussi la richesse de Tesson c'est son côté très peu consensuel. Il nous a révélé dans son récit Dans les forêts de Sibérie que ses lectures ne le sont pas moins. Ça nous change de la soupe ordinaire et nous ne serions pas fâchés que la littérature actuelle soit plus souvent animée d'aussi légères oscillations.
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