Marcel
Aymé, le Franc-Comtois, nous immerge dans un pays de bois, de
champs, d'étangs et de légendes.
Si
la figure de vouivre n'es pas vraiment au centre de cette histoire,
sa présence monopolise les esprits de Vaux-le-Dévers et des
environs. L'a-t-on vue se baigner nue, sa robe de lin blanc et son
précieux diadème déposés sur la rive mais gardés par une armée
de vipères vigilantes et dévouées ? Y croit-on seulement ?
Les êtres balancent entre la superstition et l'évidence des sens,
du maire laïcard au curé soucieux de préserver la paix dans sa
paroisse que les croyances païennes n'ont pas tout à fait désertée.
Le maire tremble devant son député, le curé devant l'évêché...
Chacun a vu la Vouivre mais aucun n'irait l'avouer à l'autre. Cela
dérange évidemment les dogmes qu'on imaginait solidement installés.
La
Vouivre se confie à Arsène, jurant qu'elle n'a pas affaires avec le
diable ; elle est juste une fille « sans mystère »,
amoureuse des bois de l'étang, de la rivière et des saisons. « Le
ténébreux, dit-elle encore, c'est toi. Dans ta tête de bois, tout
est noyé d'ombre et de brouillard. Mais depuis que les prêtres
d'infini sont venus vous détourner de vos dieux, vous êtes tous
comme ça, les Jurassiens. »
Survivante
d'une divinité des sources celtiques ou jeune fille fantasque ?
Nul ne le saura vraiment.... Mais ce roman plein de fraîcheur, de
volupté et de panthéisme, de la veine des histoires d'Henri
Vincenot, peut figurer en bonne place dans la bibliothèque de l'amateur de littérature exigeant.
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