L’élitisme !
quel terme odieux pour notre société civilisée. C’est pourquoi
qui prétendrait en faire l’éloge devra prendre quelques
précautions. A cet effet, Claude Javeau a veillé à donner à son
pamphlet un tour acceptable, car la vindicte médiatique est toujours
prompte à désigner les éléments déviants.
Que
dit Javeau dans ces quelques pages au style élégant et à la
lecture agréable ? Qu’il faut une réforme de l’éducation,
bien entendu. Du fait que la télévision a fortement contribué à
asservir les masses (par l’interposition des univers régis par MM.
Bouygues et Berlusconi).
Mais
s’il ne s’agissait que de cela. Aux effets nocifs du petit écran
désormais promu à la place d’honneur dans les foyers (médias
devenus orfèvres dans l’art de transmuter l’information en
production d’émotions, événements sportifs, funérailles de
têtes couronnées), il convient d’ajouter Eurodisney, la légion
d’honneur à Johnny, le prétendu génie attribué au moindre
joueur de djembé, la ringardisation systématique du passé, les
rentes de situation des fonctionnaires, le jeunisme sur le mode « les
jeunes ont nécessairement quelque chose à dire », « les
apologistes de la société de consolation » (Comte-Sponville,
Jacques Salomé) et de la repentance, le fascisme devenu l’insulte
passe-partout (surtout pour les demi-solde et les ayatollahs de la
pensée façon BHL), la dictature des associations (via les « forums
sociaux ») et des minorités (musulmans, taggeurs…).
Justement,
les minorités. Il y a les mauvaises et les bonnes. Celle constitué
par les élitistes est à classer dans la seconde catégorie. Ceux-ci
n’en sont pas moins à classer parmi les espèces en voie de
disparition, menacées d’être anéanties par ce brouet dont, en
particulier, la gauche communautarisme « prétend imposer la
recette à tout le monde ».
Bien
entendu, on goûte peu ceux qui viennent gâcher la fête en
arrachant les lampions. « Si le roi est tout nu, écrit Javeau,
il ne faut point se contenter de dire qu’il se pourrait qu’il fût
un peu débraillé. » On le voit, non content d’écrire à la
plume et de s’en vanter, l’auteur emploie l’imparfait du
subjonctif pour dénoncer les abus de l’intolérance portant
atteinte à la liberté et à l’intégrité de la pensée. Deux
facettes qui contribuent aussi à nous rendre ce monsieur plutôt
sympathique.
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