Ce
petit traité composé dans le Paris occupé de 1941 nous entretient
de la France et de son goût désormais affirmé pour la décadence.
Cioran aime et admire pourtant cette France où il a trouvé asile.
Il s'est abreuvé au style de ses moralistes, a vibré à la
fréquentation des œuvres de ses poètes et de ses musiciens.
Cependant, il ne peut s'empêcher de la vilipender avec le cynisme et
la rage froide qui plus tard s'affirmeront dans son Bréviaire
des vaincus. Il se sent
fécondé par la vue
de ces Français des croisades devenus Français du bien-être et de
l'ennui, « de la cuisine et du bistrot ». Il note avec
une fiévreuse jubilation que le spectacle de ces combats menés
désormais pour la réplétion et l'opulence ouvrent peut-être la
voie à l'épuisement général des autres nations. Ce peuple « qui
se momifie dans le doute », qui vit sur les ruines des exploits
du passé et qui cependant parvient à être dégoûté de lui-même
le fascine. (« Un pays tout entier qui ne croit plus à rien,
quel spectacle exaltant et dégradant ! ») Une diatribe chargée de considérations intempestives mais ô combien
lucides qui méritait d'être enfin révélée au grand public.
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