Certains ont vu dans La peste un roman derrière lequel se profile la résistance au nazisme. Camus a sans doute fini par s’en persuader. Le livre, publié en 1947, au sortir de la guerre, pourrait en effet le laisser penser. Mais quand on lit ce récit d’une épidémie survenue au cœur de la ville d’Oran, le lecteur est plus enclin à croire tout simplement à une histoire d’épidémie. Une lecture contemporaine le plonge en tout cas dans un décor qui ne relève plus de la fiction. Contagion, décès, confinement, masques, vaccin (manque plus au tableau que le passe sanitaire que la technique de l’époque ne permettait pas d’appliquer). Mais on est là plus près du Journal de l’année de la peste, de Daniel Defoe, que du 1984 d’Orwell. Car on ne trouvera guère de considérations politiques dans ces pages. Chaque personnage va évoluer au sein de cette ville fermée au monde extérieur selon sa sensibilité. Il y a ceux qui voudraient s’en échapper, ceux qui se vouent à sauver des vies et les trafiquants qui profitent de la situation pour s’enrichir. Sous la plume de Camus, Oran devient le microcosme d’une société en crise (où l’on ne voit d’ailleurs assez bizarrement n’évoluer que des Européens, et principalement mâles). Cela pourrait être une analogie de la guerre et de l’occupation allemande (vous avez dit « peste brune » ?), mais le lecteur y voit bien le propos qu’il faut y voir. D’ailleurs, les ventes du livre ont connues une très sensible hausse depuis le début de l’épidémie du virus chinois.
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