Les premières pages de ce livre traitent du national-bolchévisme, mouvement pulvérisant les valeurs figées de la droite et de la gauche pour les réunir, et dont Douguine fut à l’origine avec Edvard Limonov (deux opposants à la Russie de Poutine). À travers le côté traditionaliste de ce mouvement, ennemi de la société ouverte et du libéralisme, se révèle l’âme russe, ainsi que le rôle sacré et messianique de cette grande nation. Douguine revient ensuite régulièrement sur l’importance de la religion orthodoxe, que les années de communisme n’ont pas mise à bas, et qui fait que son pays peut être naturellement associé à une troisième Rome. Et il ne peut s’empêcher de voir, dans l’Europe décadente et la société occidentale dans son ensemble, un réel problème pour la Russie dotée d’un destin supérieur. Il est passionnant et instructif de le suivre dans le développement de sa pensée, où il n’est pas trop mal accompagné puisqu’il convoque des figures comme celles d’Evola, de Guénon, de Parvulesco, de Debord, Crowley, Jünger ou Dostoïevski. Par-delà les questions de la tradition, il traite également du fascisme, de la paysannerie, du prolétariat (le titre de l’ouvrage n’étant que celui d’un texte parmi les autres qui composent celui-ci) ou du chamanisme ! Mais l’âme russe c’est aussi la littérature et le théâtre, dont l’auteur nous fait découvrir quelques récalcitrants et dissidents encore peu connus par chez nous ou trop partiellement. Une lecture instructive, traversée par les notions d’identité et de sacré qui nous parlent résolument.
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