Makine aime la France, son pays d’adoption, bien plus que d’autres
qui y sont nés... Il lui avait rendu un bel hommage avec son livre
Cette France qu’on oublie d’aimer. Voilà un immigré
russe qui se met à écrire dans la langue de Molière, reçoit le
prix Goncourt, accédant ainsi à sa naturalisation. Puis il entre à
l’Académie française. Un beau parcours pour un auteur dont
l’œuvre a désormais intégré notre patrimoine littéraire. Ainsi
en est-il en particulier pour cette Musique d’une vie, un
court roman qui résume bien la condition de l’Homo sovieticus,
selon la formule forgée par Alexandre Zinoviev. Voici l’histoire,
à travers le récit de son narrateur, d’un régime politique qui a
marqué des générations entières. Quand un homme se raconte à un
autre, dans le compartiment froid d’un train s’acheminant vers
Moscou à travers l’Oural, il est question du stalinisme, de la
guerre contre l’Allemagne, et d’un retour à la paix sous
le joug du socialisme soviétique. C’est aussi le récit d’une
usurpation d’identité. Pour échapper aux purges, le musicien doué
est devenu, par la force des choses, inculte paysan et chauffeur
d’un militaire haut
gradé. Il
doit dissimuler aussi bien ses
sentiments que la maîtrise de son art.
Makine démontre avec
talent en quoi
la force de la
volonté peut
contrarier
le destin.
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