Le chant du cygne de Giono est L’Iris de Suze, paru l’année
de sa mort. L’écrivain sentait sa fin venir et souhaitait
visiblement boucler la boucle. C’est pourquoi on retrouve dans ce
roman l’atmosphère de ses premiers écrits, en particulier la
« trilogie de Pan » et Le serpent d’étoiles.
Ce
récit nous conduit sur les chemins de la transhumance jusqu’à
l’estive des hautes
crêtes du Chiran, au-dessus
des gorges du Verdon. Parcours
qui s’achèvera
dans le village de
Quelte, son château et
ses locataires marqués
par le destin.
L’histoire pourrait
être simple et linéaire, il n’en est rien. Giono
campe un décor où l’atmosphère est à la fois pesante et
légère. Dans le cadre
des
paysages grandioses de
la haute Provence, il
fait évoluer des
personnages aux
comportements et
motivations qui
n’ont rien d’ordinaire : le bandit en fuite Tringlot, le
bouvier Louiset, le guérisseur et passionné
par les
squelettes d’oiseaux Casagrande, le riche maréchal-ferrant
Murataure, fou d’automobile, la Baronne et la belle « Absente ».
Quelques-uns, moins taiseux que les autres, s’expriment –
considérations, confidences,
révélations –,
tandis que l'essentiel est tu ou laissé en suspens. C’est
ainsi que Giono, en
habile conteur, égare
son lecteur pour mieux le ramener ensuite
à l’essentiel.
Un grand moment
de lecture où
l’écrivain
déploie toute sa
poésie.
Après avoir adapté des romans de Jean Raspail en BD, le dessinateur Jacques Terpant fait équipe avec le scénariste Dufaux (ils ont déjà signé ensemble Le Chien de Dieu, hommage à Céline, et Nez-de-Cuir, adapté du célèbre roman de La Varende) pour s’attaquer à un livre maître. Grand lecteur de romans policiers, Giono s’est essayé au genre en rédigeant cette sombre histoire au cœur de l’hiver, entre Trièves et Vercors. L’entreprise s’annonçait ardue. Mais, plus qu’une adaptation, c’est un vibrant hommage à Giono, écrivain du terroir, qui nous est proposée. Les auteurs l’imaginent rencontrant ses propres personnages. Terpant se portraiture. Langlois, héros de l’histoire, auparavant mis en scène dans Les récits de la demi-brigade, est remarquablement rendu. Ces ingrédients font de ce travail une réelle réussite.
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