Court
Serpent est le nom d'une embarcation affrétée par l'Église
afin d'aller secourir une lointaine communauté de Nouvelle Thulé en
danger, faute d'évêque, de retourner à l'infidélité. À
son bord, l'abbé Montanus (sic !) et quelques hommes de nage
déterminés. Le récit
s'appuie principalement sur le rapport de cet ''inquisiteur ordinaire
et extraordinaire'' qui expose la façon dont lui-même et ses
acolytes tenteront de remettre le diocèse de Gardar sur la voie
conforme à l'enseignement christique. On frémit à la lecture de ce
condensé des méthodes employées par la chrétienté féodale,
missionnaire et inquisitoriale, pour porter la bonne parole à ces
peuples à l'âme païenne et hyperboréenne qui tentent de survivre
à une époque trouble dans les lieux les plus isolés – en
l'occurrence sur la côte ouest de l'actuel Groënland. Ils ont
préféré l'hostilité de la nature à la folie des hommes. Mais
celle-ci les a rattrapés au nom de Dieu. C'est violent, chargé de
désespoir, de maladies, de viols, de famine, de pendaisons. C'est le
portrait d'une époque sombre qu'un monothéisme fiévreux s'acharna
à soumettre.
Après
une carrière passée à décider et gérer les affaires du grand
capital, Bernard de Boucheron a résolu de se consacrer à
l'écriture. Le capital a peut-être perdu un capitaine, mais la
littérature a gagné un auteur talentueux et plutôt fréquentable.
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