mardi 9 septembre 2014

Eloge de l'élitisme (Claude Javeau)


L’élitisme ! quel terme odieux pour notre société civilisée. C’est pourquoi qui prétendrait en faire l’éloge devra prendre quelques précautions. A cet effet, Claude Javeau a veillé à donner à son pamphlet un tour acceptable, car la vindicte médiatique est toujours prompte à désigner les éléments déviants.

Que dit Javeau dans ces quelques pages au style élégant et à la lecture agréable ? Qu’il faut une réforme de l’éducation, bien entendu. Du fait que la télévision a fortement contribué à asservir les masses (par l’interposition des univers régis par MM. Bouygues et Berlusconi).
Mais s’il ne s’agissait que de cela. Aux effets nocifs du petit écran désormais promu à la place d’honneur dans les foyers (médias devenus orfèvres dans l’art de transmuter l’information en production d’émotions, événements sportifs, funérailles de têtes couronnées), il convient d’ajouter Eurodisney, la légion d’honneur à Johnny, le prétendu génie attribué au moindre joueur de djembé, la ringardisation systématique du passé, les rentes de situation des fonctionnaires, le jeunisme sur le mode « les jeunes ont nécessairement quelque chose à dire », « les apologistes de la société de consolation » (Comte-Sponville, Jacques Salomé) et de la repentance, le fascisme devenu l’insulte passe-partout (surtout pour les demi-solde et les ayatollahs de la pensée façon BHL), la dictature des associations (via les « forums sociaux ») et des minorités (musulmans, taggeurs…).
Justement, les minorités. Il y a les mauvaises et les bonnes. Celle constitué par les élitistes est à classer dans la seconde catégorie. Ceux-ci n’en sont pas moins à classer parmi les espèces en voie de disparition, menacées d’être anéanties par ce brouet dont, en particulier, la gauche communautarisme « prétend imposer la recette à tout le monde ».

Bien entendu, on goûte peu ceux qui viennent gâcher la fête en arrachant les lampions. « Si le roi est tout nu, écrit Javeau, il ne faut point se contenter de dire qu’il se pourrait qu’il fût un peu débraillé. » On le voit, non content d’écrire à la plume et de s’en vanter, l’auteur emploie l’imparfait du subjonctif pour dénoncer les abus de l’intolérance portant atteinte à la liberté et à l’intégrité de la pensée. Deux facettes qui contribuent aussi à nous rendre ce monsieur plutôt sympathique.

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