Théorème
de la peur est un livre envoûtant. Derrière ce titre se tient
Greg Child, alpiniste aux vies multiples qui a notamment conquis les
plus hauts sommets de l’Himalaya. Ces expériences lui ont fait
évidemment connaître la peur que l’homme peut éprouver lorsqu’il
est livré à une nature hostile. C’est là un phénomène
difficile à évoquer par le seul artifice de l’écriture et Child
en est conscient. Néanmoins, on vibre avec lui à l’évocation de
ces combats d’avant-garde, menés loin du monde des hommes, du
bruit et de la sécurité.
Child
a fréquenté bien des figures majeures de l’alpinisme extrême.
Certains tapageuses, d’autres plus discrètes ou plus humbles. Un
type comme Don Whillans ne se singularisait pas par ses exploits mais
par ses bons mots (Child le qualifie de « héros de la classe
ouvrière »). Jim Breyer, quant à lui, préférait la
compagnie des longues parois du Yosemite où il accomplissait jour
après jour son odyssée solitaire.
Au
cours de ses pérégrinations à travers le monde, Child rencontra
d’autres personnages tout aussi hauts en couleur et qu’il évoque
dans son livre pour le plus grand bonheur du lecteur. En lisant ces
anecdotes nombreuses rythmées par le danger, la victoire ou la mort,
on se dit que Théorème de la peur est assurément plus
précieux qu’un manuel de sociologie. De plus, Child sait écrire.
« J’ai perdu beaucoup de temps à grimper au lieu d’écrire
et perdu beaucoup de temps à écrire au lieu de grimper »,
confie-t-il dans sa préface. Nous ne lui reprocherons pas de n’avoir
pas tranché entre ces deux aspects de sa personnalité.
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