jeudi 4 septembre 2014

L'homme qui voulait changer le monde (Hermann Hesse)




L'auteur du Loup des steppes est moins apprécié pour ses nouvelles. C'est bien dommage car peut-être aurait-il gagné à condenser quelques-uns de ses romans par trop fastidieux pour leur donner cette forme qui semble lui convenir à merveille. La première nouvelle de ce recueil, intitulée Le loup, vaut à elle seule d'acquérir ce volume. Six pages d'anthologie bouleversantes et chargées de ce qu'on n'appelait pas alors écologie mais respect ancestral pour la Nature, mère nourricière et réceptacle de la biodiversité et des beautés visitées par la force instinctive. Les autres textes n'en sont pas moins à négliger, en particulier celui qui donne son titre à l'ouvrage. On sait qu'Hermann Hesse fréquenta la communauté d'inspiration völkisch de Monte Verità, sise au bord du lac Majeur (le vitaliste Ludwig Klages, D. H. Lawrence ou le poète Stefan George y firent des apparitions remarquées). Il s'en inspire librement et avec talent pour composer, comme dans Les Frères du soleil ou Robert Aghion (deux autres longues nouvelles), une ode à la révolte contre la modernité et ses froides injonctions. Même si Hesse montre qu'il a conscience que se démarquer peut aboutir à quelques amères désillusions, l'expérience du marginal le fascine.

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