Le personnage de
Sylla est assez mal connu. Son règne marqua pourtant l'histoire de
Rome de manière déterminante, puisqu'il va mettre un terme à la
République et ouvrir la voie de l'Empire. Lorsque, en - 88, Sylla
revêt les insignes du pouvoir, l'Urbs est pour la première fois
profanée en ses murs par des troupes armées, celles de Caius
Marius. C'est une année inaugurant une période de guerres civiles
qui imposera à Sylla de livrer d'incessants combats sur plusieurs
fronts. Sans oublier de repousser pour autant l'ennemi extérieur.
Après ses victoires contre Jugurtha et Mithridate, sa popularité
grandissante inquiéta la République. Ainsi, et assez
paradoxalement, alors qu'il combattait pour la sécurité de Rome,
celle-ci le déclarait ennemi public, faisait raser sa maison et
persécutait les siens.
Sylla dépensa une
grande énergie à se débarrasser des marianistes, partisans de
Caius Marius. À ce titre, il a été déconsidéré par ceux qui lui
ont succédé, en particulier César et Cicéron. Et son personnage a
été longtemps associé dans l'histoire à l'image d'un tyran
sanguinaire. En fait, il lui aura fallu sans cesse composer et
naviguer dans une époque de fureur, de massacres, de proscriptions,
de fratricides, de suicides et d'exécutions collectives.
Sylla excella
surtout, comme le souligne François Hinard, dans l'art de la guerre
et de la stratégie. Ce que ses victoires de Chéronée et
d'Orchomène, où il triompha d'un ennemi en nombre très supérieur,
confirmèrent de manière éclatante. Mais sa principale qualité
tint dans ce qu'il sut motiver des troupes ''prolétarisées'',
vidées peu à peu de tout idéal patriotique, et dont le sens du
combat était réduit ou associé à l'obtention d'un butin. Il
savait redresser les situations qui s'annonçaient désespérées,
comme à Orchomène, en engageant personnellement le combat. Et alors
que Rome avait proclamé sa déchéance, ses soldats continuèrent à
le servir, même après qu'il leur eût annoncé qu'il faudrait
prolonger leur campagne militaire de deux ans.
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