Jean
Soler est un chercheur qui rétablit des vérités loin des écoles
et des chapelles – surtout des chapelles. Il a travaillé à
démonter pièce à pièce, patiemment et brillamment, l'invention du
monothéisme. Son dernier livre, Qui est Dieu ?,
constitue une condensé de ses travaux précédents auxquels il
renvoie fréquemment. Pour commencer, Soler expose que Dieu est une
suite d'idées reçues. D'abord, le peuple juif n'apparaît pas, ou
bien peu, dans les chroniques des historiens (dont Hérodote ayant
vécu en Égypte et en Phénicie). Ensuite, la Bible n'a pas été
composée avant l'Iliade et l'Odyssée. (Soler
va plus loin quand il avance qu'il n'est pas certain qu'Abraham et
Moïse aient jamais existé.) Il révèle surtout que le Livre
n'est pas porteur d'une morale ou d'une religion universelle mais
s'adresse à un peuple en particulier. Cependant, ce contrat passé
entre un dieu et un peuple qui aurait été élu par lui n'interdit
pas dans un premier temps à ce dieu de n'être qu'un dieu parmi
d'autres. Il ne doit, à ce stade, que favoriser un peuple qui se
sera donné pour vocation de lui être fidèle. Il faudra néanmoins
bien de la constance pour continuer à adorer ce dieu qui fera
disparaître son peuple de la terre d'Israël
après lui avoir fait subir outrages et vexations. En
s'efforçant de croire à la supériorité de ce dieu et, un peu plus
tard, à son existence exclusive, les Hébreux vont franchir une
étape dans leur foi et donner
naissance au monothéisme. Pour coller à cette exigence, il
fallait réécrire la Bible puisqu'elle ne contenait pas à l'origine
l'idée d'un Dieu unique et attaché exclusivement au destin d'un
unique peuple. On comprend, par exemple, que le commandement « Tu
ne tueras point » n'est, au départ, valable que dans le cadre
de la communauté, puisque Iahvé commande de passer ses ennemis au
fil de l'épée... Les indices de cet ordre fourmillent dans le livre
sacré. Plus tard, Paul de Tarse affirmera l'existence d'un dieu
universel. Et ce dieu sera facteur d'unification de l'Empire romain –
de la même manière que Mahomet unifiera les Arabes. Mais, dans le
cas du christianisme, on assiste à une série d'arrangements avec le
paganisme : Dieu-Zeus, Jésus-Dionysos, Marie-Artémis (quant au
dogme de la Trinité, rappelons qu'il ne fut adopté qu'en 325). On a
assisté et l'on continuera à assister à ce ''clivage décisif''
entre l'univers mental d'Athènes et de Jérusalem. Jean Soler, quant
à lui, accorde sa préférence au siècle de Périclès, dont il
demande de raviver le souvenir pour contrebalancer les influences
sémitiques. Il ne s'est pas fait que des amis. Et le philosophe
athée Michel Onfray, qui a pris sa défense, s'est reçu une volée
de bois vert de la part des habituels sycophantes
qui ont aussi leur décalogue.
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