vendredi 5 septembre 2014

Qui est Dieu ? (Jean Soler)



Jean Soler est un chercheur qui rétablit des vérités loin des écoles et des chapelles – surtout des chapelles. Il a travaillé à démonter pièce à pièce, patiemment et brillamment, l'invention du monothéisme. Son dernier livre, Qui est Dieu ?, constitue une condensé de ses travaux précédents auxquels il renvoie fréquemment. Pour commencer, Soler expose que Dieu est une suite d'idées reçues. D'abord, le peuple juif n'apparaît pas, ou bien peu, dans les chroniques des historiens (dont Hérodote ayant vécu en Égypte et en Phénicie). Ensuite, la Bible n'a pas été composée avant l'Iliade et l'Odyssée. (Soler va plus loin quand il avance qu'il n'est pas certain qu'Abraham et Moïse aient jamais existé.) Il révèle surtout que le Livre n'est pas porteur d'une morale ou d'une religion universelle mais s'adresse à un peuple en particulier. Cependant, ce contrat passé entre un dieu et un peuple qui aurait été élu par lui n'interdit pas dans un premier temps à ce dieu de n'être qu'un dieu parmi d'autres. Il ne doit, à ce stade, que favoriser un peuple qui se sera donné pour vocation de lui être fidèle. Il faudra néanmoins bien de la constance pour continuer à adorer ce dieu qui fera disparaître son peuple de la terre d'Israël après lui avoir fait subir outrages et vexations. En s'efforçant de croire à la supériorité de ce dieu et, un peu plus tard, à son existence exclusive, les Hébreux vont franchir une étape dans leur foi et donner naissance au monothéisme. Pour coller à cette exigence, il fallait réécrire la Bible puisqu'elle ne contenait pas à l'origine l'idée d'un Dieu unique et attaché exclusivement au destin d'un unique peuple. On comprend, par exemple, que le commandement « Tu ne tueras point » n'est, au départ, valable que dans le cadre de la communauté, puisque Iahvé commande de passer ses ennemis au fil de l'épée... Les indices de cet ordre fourmillent dans le livre sacré. Plus tard, Paul de Tarse affirmera l'existence d'un dieu universel. Et ce dieu sera facteur d'unification de l'Empire romain – de la même manière que Mahomet unifiera les Arabes. Mais, dans le cas du christianisme, on assiste à une série d'arrangements avec le paganisme : Dieu-Zeus, Jésus-Dionysos, Marie-Artémis (quant au dogme de la Trinité, rappelons qu'il ne fut adopté qu'en 325). On a assisté et l'on continuera à assister à ce ''clivage décisif'' entre l'univers mental d'Athènes et de Jérusalem. Jean Soler, quant à lui, accorde sa préférence au siècle de Périclès, dont il demande de raviver le souvenir pour contrebalancer les influences sémitiques. Il ne s'est pas fait que des amis. Et le philosophe athée Michel Onfray, qui a pris sa défense, s'est reçu une volée de bois vert de la part des habituels sycophantes qui ont aussi leur décalogue.

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