« Quand
on est Raboliot, on ne s'embarrasse pas de raisons compliquées,
telles qu'en ont les notaires, les juges de paix, les
traîne-paillasses. » Le personnage mis en scène par Maurice
Genevoix est bien plus qu'un simple paysan solognot. Il porte en lui
la révolte contre l'ordre établi et l'argent. Plutôt que de payer
l'amende qui le frappe pour délit de braconnage, il s'enfonce dans
la forêt où il découvre qu'il fait bon vivre dans sa nature
sauvage. Seulement, le ''braco'' est bientôt rongé par la nostalgie
des siens et de la vie communautaire. C'est ce qui le perdra.
On
a dit qu'avec Raboliot, publié en 1925, Genevoix inaugure le
genre du roman écologique. Ce n'est pas faux ; les écrits de
Giono relatifs à la ''Trilogie de Pan'' paraîtront à partir de
1928. Pour écrire Raboliot, Genevoix s'est immergé au cœur
de la Sologne – « dans
une maison de garde isolée sur les bords d'un étang secret »,
confiera-t-il dans Jeux de glace –
où il prend certainement conscience qu'un monde, bouleversé par
l'exode rural et la modernité, est en train de disparaître sous ses
yeux. Dans une langue âpre et magnifique, à travers une histoire de
chasses, de trahisons, de luttes sourdes et aussi d'amours
contrariées, il chante le
terroir. C'est aussi le temps d'une certaine France, que Genevoix
saisit en s'inspirant de faits réels. Raboliot a existé et les
terres de Sologne décrites dans son histoire sont très
reconnaissables, certains noms de lieu ayant même été conservés.
Ce roman, qui succède à la publication de ses souvenirs de guerre,
vaudra à son auteur le prix Goncourt. Il s'en est vendu depuis plus
de 500.000 exemplaires. Nous aimons nous compter parmi ses
inconditionnels.
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