A
lire Ransmayr, auteur autrichien majeur en son pays, on songe à
Conrad, à Melville, à ces conteurs d'aventures maritimes dont les
successeurs se font rares. Mais le lecteur découvre que le genre
choisi par l'auteur n'appartient pas véritablement à celui du
roman. Il s'agit d'une sorte d'enquête, reconstituée par morceaux,
où s'entremêlent deux destins, deux histoires. La découverte de la
terre arctique de l'empereur François-Joseph par des explorateurs
autrichiens et l'entêtement d'un homme qui, près d'un siècle
après, tente d'en retrouver la substance, et dont le rêve
s'achèvera sur les terres glacées du Spitzberg.
On
frémit à suivre ces péripéties polaires, sur mer et sur terre,
d'une poignée de conquérants déterminés à accomplir la mission
qu'ils se sont fixée pour la gloire de l'Empire. D'autant que la
partie consacrée à la découverte de l'archipel François-Joseph
n'a rien de fictif, entrecoupée d'extraits inédits de journaux
tenus par les acteurs de l'expédition. Ces hommes font partie
intégrante de la puissante chaîne des intrépides Boréens, tels
Barentz, Béring, Amundsen ou Nobile. Christoph Ransmayr leur rend un
bel hommage.
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