vendredi 12 septembre 2014

La société de consommation (Jean Baudrillard )



Faut-il lire ou relire cette longue réflexion sur notre société de consommation, ses mythes et ses structures ? Sans doute. Car la Révolution de l'Abondance est toujours d'actualité, les mêmes causes produisant les mêmes effets. Entre l'amoncellement de signes et de messages, la succession ininterrompue des besoins et des satisfactions, la dénaturation et la falsification de l'objet et de l'événement, l'économie de marché n'a pas renoncé à déposséder l'individu de lui-même ; les médias, les pouvoirs se chargent de dire à chacun pris dans la masse ce qu'il est et ce qu'il désire. Une telle sollicitation, qu'elle s'effectue sous forme de prophylaxie morale et sociale ou de laxisme paternaliste, est essentiellement relayée par les journalistes et les publicitaires. Cette dénégation de la rareté entraîne, bien entendu, des dysfonctionnements particuliers : violence, fatigues, somatisations, indifférence politique face à un simulacre de démocratie directe (Baudrillard parle de « dérision du suffrage universel »). Le discours n'a rien de nouveau mais, depuis 1970, date de la rédaction de cet essai, le « délit d'atteinte à l'intelligence » constitue la marque principale de la modernité. Debord et le mouvement situationniste avaient déjà levé un coin de voile sur ce phénomène. Baudrillard tire le rideau et révèle l'imposture d'un système organisé autour de la passivité, de l'acceptation et de la fascination.


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