Faut-il
lire ou relire cette longue réflexion sur notre société de
consommation, ses mythes et ses structures ? Sans doute. Car la
Révolution de l'Abondance est toujours d'actualité, les mêmes
causes produisant les mêmes effets. Entre l'amoncellement de signes
et de messages, la succession ininterrompue des besoins et des
satisfactions, la dénaturation et la falsification de l'objet et de
l'événement, l'économie de marché n'a pas renoncé à déposséder
l'individu de lui-même ; les médias, les pouvoirs se chargent
de dire à chacun pris dans la masse ce qu'il est et ce qu'il désire.
Une telle sollicitation, qu'elle s'effectue sous forme de prophylaxie
morale et sociale ou de laxisme paternaliste, est essentiellement
relayée par les journalistes et les publicitaires. Cette dénégation
de la rareté entraîne, bien entendu, des dysfonctionnements
particuliers : violence, fatigues, somatisations, indifférence
politique face à un simulacre de démocratie directe (Baudrillard
parle de « dérision du suffrage universel »). Le
discours n'a rien de nouveau mais, depuis 1970, date de la rédaction
de cet essai, le « délit d'atteinte à l'intelligence »
constitue la marque principale de la modernité. Debord et le
mouvement situationniste avaient déjà levé un coin de voile sur ce
phénomène. Baudrillard tire le rideau et révèle l'imposture d'un
système organisé autour de la passivité, de l'acceptation et de la
fascination.
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