jeudi 4 septembre 2014

Neige (Orhan Pamuk)


Le métier d'écrivain n'est pas forcément un long fleuve tranquille. Particulièrement en Turquie où Orhan Pamuk a réussi l'exploit de s'aliéner à la fois les kémalistes et les islamistes. Ses romans ont longtemps connu un tirage confidentiel dans un pays où la seule lecture digne d'intérêt semble se limiter au Coran. Quand, en 2006, Pamuk reçoit le prix Nobel pour son oeuvre, c'est l'étonnement. Selon l'adage « nul n'est prophète en son pays », il était certainement mieux connu en France ou en Allemagne.
Avec son sixième roman, Neige, Pamuk nous entraîne dans une petite ville du nord de la Turquie que l'hiver a coupé du reste du monde. Un poète turc exilé à Francfort revient au pays pour retrouver un amour d'enfance et enquêter sur une série de suicides de femmes voilées. Dans ce confinement, les doutes le taraudent. C'est un combat intérieur entre Orient et Occident. On se laisse prendre par cette atmosphère lourde où s'affrontent militaires nostalgiques d'Atatürk à la gâchette facile et fondamentalistes fanatisés. Une peinture subtile et attachante d'un pays encore à la recherche de son identité.

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