Le
métier d'écrivain n'est pas forcément un long fleuve tranquille.
Particulièrement en Turquie où Orhan Pamuk a réussi l'exploit de
s'aliéner à la fois les kémalistes et les islamistes. Ses romans
ont longtemps connu un tirage confidentiel dans un pays où la seule
lecture digne d'intérêt semble se limiter au Coran. Quand, en 2006,
Pamuk reçoit le prix Nobel pour son oeuvre, c'est l'étonnement.
Selon l'adage « nul n'est prophète en son pays », il
était certainement mieux connu en France ou en Allemagne.
Avec
son sixième roman, Neige,
Pamuk nous entraîne dans une petite ville du nord de la Turquie que
l'hiver a coupé du reste du monde. Un poète turc exilé à
Francfort revient au pays pour retrouver un amour d'enfance et
enquêter sur une série de suicides de femmes voilées. Dans ce
confinement, les doutes le taraudent. C'est un combat intérieur
entre Orient et Occident. On se laisse prendre par cette atmosphère
lourde où s'affrontent militaires nostalgiques d'Atatürk à la
gâchette facile et fondamentalistes fanatisés. Une peinture subtile
et attachante d'un pays encore à la recherche de son identité.
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