Maugham n'est pas qu'un prétexte à la
rime dans une chanson d'Alain Souchon. Il est un de ces écrivains qui
œuvra dans la première partie du siècle dernier et que l'oubli
frappe injustement. Le lectorat porte ses suffrages vers des auteurs
de seconde zone, insipides et inopportuns, bref : actuels.
Or, que de talents, que de pépites sur lesquels le temps n'a pas de
prise, et qui méritent par là d'être lus. Les nouvelles de
Somerset Maugham se rangent assurément dans cette catégorie.
Maugham a ouvert la voie au roman d'espionnage, même s'il ne s'est
pas cantonné à ce genre. Cynique, désabusé (mais sans trop forcer
la note), et ne se prenant jamais tout à fait au sérieux,
l'écrivain britannique a inspiré Graham Greene, Eric Ambler et John
le Carré.
Mr Ashenden est le héros des huit
nouvelles de ce volume. On le suit à travers l'Europe du premier
conflit mondial, jusqu'au fin fond de la Russie où se prépare la
révolution bolchévique. L'auteur, lui-même un temps agent secret,
connaît son affaire, même s'il déclare dans sa préface qu'il
préfère prendre des libertés avec son expérience pour élaborer
plus librement son récit. La recette est savoureuse, so
british. Pas de coup de théâtre, pas d'analyse psychologique
inutile mais avant tout une atmosphère que l'humour ne renonce pas à
visiter. Tout l'art de
Maugham tient dans ce qu'il a choisi de naviguer à sa guise dans ces
histoires où l'intrigue est souvent secondaire. Il sait captiver le
lecteur avec des personnages en proie au mensonge, à l'amertume mais
qui peuvent aussi être touchés
par l'amour. Au fond, représentants de nos qualités et de nos
vices. Un style maîtrisé qui favorise
une lecture des plus agréables.
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