mercredi 10 septembre 2014

Mr Ashenden agent secret (Somerset Maugham)


Maugham n'est pas qu'un prétexte à la rime dans une chanson d'Alain Souchon. Il est un de ces écrivains qui œuvra dans la première partie du siècle dernier et que l'oubli frappe injustement. Le lectorat porte ses suffrages vers des auteurs de seconde zone, insipides et inopportuns, bref : actuels. Or, que de talents, que de pépites sur lesquels le temps n'a pas de prise, et qui méritent par là d'être lus. Les nouvelles de Somerset Maugham se rangent assurément dans cette catégorie. Maugham a ouvert la voie au roman d'espionnage, même s'il ne s'est pas cantonné à ce genre. Cynique, désabusé (mais sans trop forcer la note), et ne se prenant jamais tout à fait au sérieux, l'écrivain britannique a inspiré Graham Greene, Eric Ambler et John le Carré.

Mr Ashenden est le héros des huit nouvelles de ce volume. On le suit à travers l'Europe du premier conflit mondial, jusqu'au fin fond de la Russie où se prépare la révolution bolchévique. L'auteur, lui-même un temps agent secret, connaît son affaire, même s'il déclare dans sa préface qu'il préfère prendre des libertés avec son expérience pour élaborer plus librement son récit. La recette est savoureuse, so british. Pas de coup de théâtre, pas d'analyse psychologique inutile mais avant tout une atmosphère que l'humour ne renonce pas à visiter. Tout l'art de Maugham tient dans ce qu'il a choisi de naviguer à sa guise dans ces histoires où l'intrigue est souvent secondaire. Il sait captiver le lecteur avec des personnages en proie au mensonge, à l'amertume mais qui peuvent aussi être touchés par l'amour. Au fond, représentants de nos qualités et de nos vices. Un style maîtrisé qui favorise une lecture des plus agréables.


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