mercredi 10 septembre 2014

Quand un crocodile mange le soleil (Peter Godwin)


Peter Godwin, journaliste new-yorkais, est né en Rhodésie. Il a servi dans l'armée de ce pays longtemps considéré comme l'âme sœur (et naturellement damnée) du régime d'apartheid d'Afrique du Sud. Depuis la guerre d'indépendance, la Rhodésie est devenue Zimbabwe. Robert Mugabe y a instauré une dictature mais qui, du fait qu'elle soit à l'initiative de Noirs guidés par de « nobles idéaux marxistes », a fait avaler des kilomètres de couleuvres aux bonnes consciences occidentales. Celles-ci ont mis beaucoup de temps avant de condamner la chasse au Blanc érigée en sport national. Car au Zimbabwe, il ne fait pas bon être Caucasien, surtout si on a construit à la sueur de son front de riches exploitations fermières.

Peter Godwin, qui retourne voir régulièrement ses parents restés là-bas, constate et note au fil des ans la déliquescence dans laquelle plonge son pays natal. Le constat est amer. Depuis 1980, l'espérance de vie a chuté de 57 à 34 ans, 35 % de la population est atteinte du sida. Le pays détient le record mondial d'inflation et un taux de chômage de 70 % (chiffres de 2008). Quant à la politique de redistribution des terres, elle relève de la même gabegie, les nouveaux propriétaires noirs se révélant incapables d'appliquer les techniques et la rigueur de leurs prédécesseurs qui en avaient fait le grenier de l'Afrique. Godwin assiste, effaré, à la confiscation des biens des fermiers blancs par ces commandos de « vétérans » avinés et camés, aux méthodes autant musclées qu'illégales.

De manière plus intimiste, il rapporte la déchéance de ses parents et les nombreuses vexations qu'ils subissent. Jadis comptant parmi les garants de la richesse du pays, ils sont devenus des parias. Un témoignage qui se lit d'une traite malgré ses quelques concessions payées au dogme du politiquement correct. Pour comprendre l'actualité et la réalité d'un racisme africain.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire