Entreprendre
la lecture d'Oro demande de se délester d'un certain nombre
de préjugés. Car Cizia Zykë montre une considération très limitée pour l'idéologie des droits de l'homme. Il raconte son expérience de chercheur d'or au
Costa Rica où il évolue (avec détermination et efficacité) au
milieu des requins, des serpents, des larves et des scorpions –
tous plus humains qu'animaux ou insectes... Pour mener à bien sa
petite entreprise, qui ne connaîtra pas la crise, notre héros va
devoir faire taire ses scrupules, ce à quoi sa vie aventureuse l'a
heureusement habitué. Don Juan Carlos, ainsi qu'il se fait appeler,
dresse les hommes à plier et à lui obéir, mais il éprouve aussi
une certaine tendresse pour ceux qui accepteront de le suivre au fond
d'une jungle inhospitalière pour travailler dur à l'extraction du
métal précieux. Ce sont essentiellement des rebuts de la société
et des repris de justice mais que cette équipée vont transformer.
Quant aux plus chétifs, le passage par la Quebrada des Francès,
va développer leur caractère et leur cage thoracique. Tous finiront
le crâne rasé, manière de marquer leur appartenance à une société
virile sur laquelle les lois et la comptabilité ne trouvent aucune
prise.
Il
y a dans Oro tous les
ingrédients pour faire un bon roman d'aventure : des flics et des
politiciens véreux, de la bagarre, de la coke, de l'alcool, des jeux
de hasard, des magnums (champagne et armes à feu), des fêtes et des
nymphettes. Seulement ici, on est dans la réalité.
La
philosophie de ce livre est brute et sans appel. A un monde façonné
pour les faibles, l'ancien légionnaire Zykë
impose le sien et son
refus de se soumettre. Face à l'hypocrisie, aux mensonges et aux
jérémiades, il proclame la légitimité de la loi du plus fort. Un
récit remarquable et rare par les temps d'émasculation qui courent.
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