Cette
première considération n'est pas la plus connue. Elle a permis à
David Strauss, bien malgré lui, de passer à la postérité par
l'éreintement que lui fait subir le philosophe au marteau. En se
dressant contre une oeuvre convenue, Nietzsche pourfend la faiblesse,
l'assèchement, l'aridité, la confusion et la préoccupation pour le
commerce. Il invoque la force et la fécondité qui doivent seules
alimenter toute entreprise culturelle, et remet par là les pendules
à l'heure au sein d'une société allemande déjà déliquescente.
Ce qu'il déplore est aussi et toujours ce que nous déplorons : « Il
y eut un temps, éloigné il est vrai, où le philistin était toléré
tant bien que mal comme quelque chose qui ne parlait pas, et de qui
l'on ne parlait pas : puis il y eut un temps nouveau où l'on
caressait ses rides, où on le trouvait drôle et où l'on parlait de
lui. »
Quant
à ce goût pour la nouveauté et l'originalité telles
qu'elles monopolisent désormais les esprits (et aujourd'hui bien
plus qu'hier), Nietzsche est catégorique : « Il est
indifférent que cette croyance soit nouvelle ou ancienne, originale
ou imitée, alors qu'il importerait qu'elle soit seulement
vigoureuse, saine et naturelle. »
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