Marcel
Conche, fils de paysans corréziens, est professeur émérite à la
Sorbonne. Il est connu pour ses écrits sur les philosophes grecs.
Ses maîtres et compagnons de route se nommant Héraclite, Démocrite
et Platon, il est normal qu'il ait fait appel à eux pour rédiger
cet essai sur et autour de la nature. On s'aperçoit en le parcourant
que le domaine est vaste, qu'il permet de disserter sur le néant, le
monde, l'univers et bien d'autres aspects ou non aspects de notre
environnement immédiat. C'est aussi pourquoi, outre les philosophes
atomistes, Conche convoque la pensée d'Epicure, de Pascal et de
Montaigne pour tenter d'appréhender la nature et en particulier à
déterminer quelle est sa relation au temps. A la suite d'Heidegger,
il explore les chemins de l'être et de l'étant. Tout cela nous
ramène immanquablement à l'intelligence, aux sens et à cette
« nuit que l'homme est à lui-même », pris entre fini et
infini.
La
matière de ce livre, suite de textes inédits, parus dans des revues
ou prononcés lors de conférences, autorise aussi son auteur à
emprunter quelques chemins de traverse. A cette pudeur qui le
caractérise, il confie la difficulté de penser en s'extrayant de
l'actualité, du non durable, ainsi que s'y sont astreints ses
prédécesseurs grecs. Qu'est-ce qui peut garder une signification à
n'importe quel stade de l'histoire humaine ? questionne-t-il. La
réponse est sans détour : aller à l'essentiel, nous
déposséder de l'ostentatoire, des richesses et de la notoriété ;
voici au fond l'axe principal de la philosophie.Il n'est du reste nul
besoin d'avoir usé les bancs de l'Université pour « gagner »
en authenticité. Une forme de vie qui ne peut être conçue qu'en
prêtant l'oreille à ces démons qui invitent à la désobéissance
civile.
Dans
la dernière partie de l'ouvrage, Conche décrypte la poésie de
Rimbaud – tout comme celle contenue dans la correspondance de Rosa
Luxemburg. Puisque la poésie est fondée à s'exprimer sur la Nature
et ses arcanes (selon Heidegger, il n'est pas de meilleure approche
du langage que cet art qui nomme le sacré).
Conche
est un penseur atypique. Il l'a montré dans ses livres. Présence
de la nature ne déroge pas à cette règle. Il sort du lot de la
production actuelle où Onfray s'enfonce dans le verbiage,
Comte-Sponville dans la vulgate et Ferry dans sa vaine (bien que
courageuse) tentative passée d'appliquer quelques préceptes de la
République de Platon à l'éducation de nos enfants. Une lecture
parfois ardue mais d'un intérêt certain.
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